Marine de Seine
Spectacle étonnant que ces bateaux qui glissent sur la Seine. De loin, on ne sait plus s'ils flottent sur l'eau ou sur les prairies environnantes. Chercher les pavillons qui indiquent la nationalité, se demander où ils vont, d'où ils viennent. Parfois, voir sur le pont, des marins accoudés qui s'attardent sur ces paysages sans doute différents des leurs. Parfois aussi, des péniches qui transportent sur leur dos, voitures ou salon de jardin, jusqu'aux jardinières fleuries. S'imaginer la vie de ces mariniers, sans attaches.
Céréaliers, gaziers, porte-containers, ils viennent du monde entier et emportent dans leur ventre tout ce que nous consommons. Du Libéria, de Scandinavie, de Grèce, mais les plus impressionants à mon sens sont les bateaux russes, qui, souvent, semblent hors d'âge et totalement vétustes. Des bateaux de croisière qui passent souvent le soir, avec leurs guirlandes lumineuses, et qui mouilleront pour la nuit à Rouen. Parfois, on entend même les commentaires des guides, qui désignent aux voyageurs le musée ou la statue de Victor Hugo. A marée basse, les berges de la Seine vibrent sur leur passage. A marée haute, ils déclenchent des vagues, qui pendant plusieurs minutes, viennent cogner contre le quai, on se croit alors au bord de mer. Les plus gros batiments auront besoin du pilote, qui montera à bord pour leur faire franchir les quelques kilomètres restants jusqu'à Rouen, la Seine et ses méandres que Victor Hugo comparait au fer à cheval d'un cheval géant, recelant bien des pièges pour ces bateaux gigantesques pour qui il est impossible de faire demi-tour. Le bateau du pilote viendra se coller au flanc du navire, ne paraissant pas plus gros qu'un moustique sur un animal, les tailles sont disproportionnées , et celui-ci montera à l'échelle. Par temps de brume, résonnent les cornes, le brouillard peut être si intense que du quai, les bateaux sont invisibles, on entend juste le clapotis de l'eau sur les coques, ajoutant du fantastique au paysage.