Départ 10h de la maison, bien à l'avance pour être à Rouen à l'heure.
Courir, courir, pour faire une énième photocopie de la carte d'identité de mademoiselle. Courir, courir pour être à l'heure au rdv de la signature du bail. Courir, courir comme tout le monde en ce premier jour de septembre, ça bouchonne partout. Courir, courir...ah non, là, nous sommes bloquées dans une rue en pente à au moins 80% (si, si, c'est possible) et se dire qu'on n'arrivera jamais à redémarrer en côte, angoissant! Courir, courir pour arriver enfin au nouveau nid de la demoiselle, et bonne surprise en voyant le parquet tout neuf en lieu et place du changement de moquette annoncée. Courir, courir pour l'état des lieux, on passera vite sur les murs bleu et jaune en se disant que le quartier vaut bien ce petit désagrément. Repérer l'étagère sous l'évier qui ne tient que par miracle, mais, heureusement Chéri-Chéri a promis de passer quelques heures à tout remettre au goût de la demoiselle. Penser à relever les compteurs, vérifier clés et boîte aux lettres...Etre quand même un peu beaucoup émue en voyant mademoiselle signer son premier bail (non, c'est pas vrai, mais ma toute petite va prendre son envol pour de bon?!) Faire glop en signant le chèque de son premier loyer, misère, autant de chiffres pour une si petite surface, on aurait oublié un étage?! Courir, courir, à pied (forcément :-) ) cette fois pour que mademoiselle se familiarise avec le quartier et ses futurs trajets...Mais pourquoi avoir choisi ce quartier sur les hauts de Rouen?! Pour la vue, superbe et la tranquillité du quartier situé idéalement entre l'université, le centre ville et la gare. Avoir oublié cette loi élémentaire de la physique, qui veut que tout corps qui descend facilement une côte devra la regrimper avec difficulté. Courir, courir...trouver la gare, le centre ville. Courir, courir...je bénis mes vieilles Converse, au moins, les ampoules aux pieds me seront épargnées...Courir, courir pour trouver une agence EDF...et arriver pile à l'heure de la fermeture. Courir, courir pour profiter de la pause déjeuner pour aller à l'office du Tourisme nous ravitailler en plans de la ville et autres numéros utiles. Déjeuner au soleil, il fait beau, et repartir à l'assaut de l'agence EDF... Essayer de ne pas avoir l'air idiote en apprenant que maintenant les ouvertures de contrat ne se font qu'au téléphone...Courir, courir, pour prendre un abonnement bus...Courir, courir, pour tester la ligne de bus et descendre à l'arrêt le plus proche du nid...Toujours, essayer de ne pas avoir l'air parfaitement cloche en essayant de se repèrer sur un plan au plafond de l'abri-bus, la tête en l'air....comment les usagers font pour ne pas avoir de torticolis?! Courir, courir, récupérer la voiture et chercher le campus universitaire...Celui-ci est interdit aux voitures, donc courir, courir encore pour trouver le secrétariat et le bâtiment de LEA...étrange tout de même, personne ne nous indique la même direction, et il n'y a pas de plan. Courir, courir, pour tomber dessus par hasard. Trouver le programme de la rentrée, repérer l'amphi, faire le trajet plusieurs fois comme quand mademoiselle est allée toute seule à l'école pour la première fois (mais là, le poids des ans me pesait moins, ça me semblait plus facile). Courir, courir...pour rentrer à la maison. Saisir le téléphone et tenter l'impossible, obtenir un abonnement chez EDF. Avoir le tympan complètement déglingué aprés 45mn de musique d'attente, tout ça pour tomber sur un jeune homme charmant certes, mais qui s'obstine à me dire qu'il ne trouve pas de logement à cette adresse (ciel, et si c'était encore un coup des frères Bogdanov?! Serais-je dans une autre dimension? Avons-nous rêvé cette matinée?! )... et lorsqu'enfin il trouve, lui ne peut pas s'occuper de la suite, il me passe donc son collègue...que je n'ai jamais réussi à avoir, la conversation s'est brutalement interrompue et il me sera impossible d'avoir à nouveau un conseiller....
Enfin, ne plus courir, tout raconter à Chéri-Chéri qui me répète que je suis la meilleure des mères (c'est pour de telles paroles que je l'ai épousé,entre autres choses, même si je suis assez réaliste pour ne pas les croire, c'est tellement bon de se l'entendre dire :-) )...lui, il sait bien que pour moi, la moindre démarche administrative est un véritable calvaire, une journée comme ça relève de l'exploit pour moi. Hélas, dans la vie, je n'aimerais faire que ce qu'il me plaît et m'épargner les contraintes, mais ce ne sera pas pour cette vie là !
Mais quel bonheur de voir ma demoiselle, son trousseau de clé à la main, si heureuse, au seuil de son nouveau nid, mais aussi au seuil d'un autre chapitre de sa vie...